2 ans ago

Bonnes pratiques phytosanitaires : choix du produit adapté et techniques de pulvérisation

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Les bonnes pratiques phytosanitaires sont l’ensemble des pratiques qui, bien que non obligatoires, visent à assurer une protection efficace des cultures, tout en réduisant au maximum les effets néfastes des PPP sur la santé de l'agriculteur, de ses proches et du consommateur, mais aussi sur l'environnement, les ressources naturelles et la biodiversité. Peuvent encore s’ajouter à cela certains cahiers de charges auxquels vous décidez d’adhérer, comme le « Standard Vegaplan », le « Standard GLOBALG.A.P » ou l’agriculture biologique.

Les bonnes pratiques se basent sur le consensus selon lequel toute manipulation et utilisation de PPP, par leur nature, engendre des risques pour la santé de l’utilisateur, du consommateur et de l’environnement.

Or, le risque encouru lors de l’utilisation d’un produit, est fonction de trois facteurs :

  • le danger, lié à la toxicité intrinsèque des PPP ;
  • l’exposition, elle-même fonction de la fréquence des traitements, de leur durée et des moyens que l’utilisateur met en œuvre pour se protéger et protéger son environnement durant les traitements ;
  • et l’incertitude.

Pour limiter les risques liés à l'utilisation de PPP, l’utilisateur peut donc agir sur le danger et/ou l'exposition.

Limiter les risques en réduisant le danger

Il est possible de réduire le danger en choisissant un produit moins dangereux (ayant un profil toxicologique et éco-toxicologique plus favorable), mais comment comparer la dangerosité des produits entre eux ? Voici quelques pistes pour vous aider !

Les PPP peuvent être classés selon plusieurs catégories, principalement en raison des substances actives (SA) qu’ils contiennent et de leur origine (naturelle ou synthétique). Bien que cela ne se vérifie pas systématiquement, la majorité des produits des catégories ci-dessous présentent moins de risques pour la santé et l’environnement en raison de leur dangerosité intrinsèque moins élevée, et sont donc à privilégier :

En dehors de ces catégories à privilégier, il est également possible de comparer la dangerosité intrinsèque des produits disponibles pour un usage donné, grâce à quelques pistes très simples. On vous explique tout !

En vous rendant sur phytoweb.be, la "bibliothèque virtuelle" reprenant tous les PPP autorisés en Belgique, pour les professionnels et pour les particuliers, vous aurez accès aux actes d’autorisation des produits. Ces actes rassemblent une série d’informations sur la dangerosité du produit donné, ce qui vous permettra de les comparer entre eux pour choisir le moins dangereux.

Vous trouverez notamment des indices du danger que représente le produit pour l’environnement :

  • Les mentions de protection de l’environnement, ou mentions « SP ». Elles concernent notamment la protection des organismes non ciblés (les organismes aquatiques, les arthropodes dont les pollinisateurs, les plantes…), les mesures anti-érosion et la protection des ressources en eau (eaux de surfaces et eaux souterraines).
  • Les informations concernant les zones tampons à respecter lors de l’utilisation du produit, dans le but de protéger les ressources en eau.
  • Les pictogrammes de danger.

Ainsi que des indices du danger que représente le produit pour l’humain :

  • Les pictogrammes de danger ;
  • Les mentions de danger, ou « phrases H » ;
  • Les conseils de prudence, ou « phrases P », qui vous indiqueront notamment les équipements de protection individuelle à porter lors de l’utilisation du produit ;
  • Des informations additionnelles sur les dangers, ou « phrases EUH ».

Vous l’aurez compris : plus un produit présente de pictogrammes de danger, de mentions de danger, une obligation de zone tampon large et/ou de phrases « SP », plus l’on peut faire l’hypothèse qu’il est dangereux pour la santé et/ou l’environnement.

Si vous avez des questions sur l’utilisation de phytoweb.be, et la manière de trouver ces indices, n’hésitez pas à nous contacter !

Limiter les risques en réduisant l'exposition

Il est possible de réduire l’exposition de l’environnement et des humains aux PPP de multiples manières. En voici quelques-unes.

Diminuer la fréquence des traitements

La présence d’un nuisible (pathogène/ravageur/adventice) au champ ne signifie pas nécessairement que des moyens de lutte curative doivent être immédiatement mis en place. Une certaine tolérance est acceptée pourvu que le seuil économique d’intervention ne soit pas dépassé.

En théorie, on commence par observer un premier seuil, à partir duquel le nuisible fait baisser le rendement de la culture. Il s’agit du seuil de nuisibilité, ne justifiant cependant pas un traitement. 

Ensuite, le seuil économique d’intervention correspond au niveau de densité de population du nuisible auquel un traitement phytosanitaire présente un intérêt économique, ce qui correspond au moment où le coût du traitement devient inférieur au coût des dégâts estimés. C’est là que le traitement devient intéressant, ceci étant valable que ce soit avec un PPP ou par un autre moyen de lutte.

Pour identifier ce seuil d’intervention, un suivi au champ par observations visuelles est possible, mais chronophage. Pour vous aider, n’hésitez pas à utiliser les systèmes d’avertissement réalisés par les centres pilotes wallons, ou à faire appel à de l’encadrement privé (Regenacterre, CETA de Thuin…)

Adapter son matériel et ses techniques de pulvérisation

Une série de facteurs concernant le choix et le réglage de votre matériel de pulvérisation peuvent avoir un impact sur la diminution de l’exposition de l’environnement et des humains aux PPP, principalement via la réduction de la dérive de pulvérisation. Ces choix et réglages n’ont bien sûr par pour seul intérêt de diminuer l’impact sur la santé et l’environnement, ils ont également pour but de maximiser l’efficacité des traitements.

Gardez tout de même à l’esprit qu’efficacité et protection de la santé et de l’environnement vont bien souvent de pair. Une perte de produit dans l’environnement par exemple, représente une partie du traitement non intercepté par la culture sur laquelle il est appliqué, et donc, une perte d’efficacité.

Commencez par un étalonnage de votre pulvérisateur, à réaliser une fois par an, afin de vous assurer que les réglages que vous effectuez pour votre matériel de pulvérisation ont bien l’effet escompté.

Une réflexion est ensuite nécessaire pour adapter votre matériel et vos techniques de pulvérisation au cas par cas, selon le type de produit choisi (de contact, systémique…), l’objectif de rendement chantier choisi (volume à l’hectare) et les exigences légales en matière de protection de l’environnement notamment.

1. Connaitre le produit avec lequel on travaille

Bien que le sujet soit complexe, il est intéressant de savoir que les produits foliaires de contact sont sensibles à la qualité de dépôt de la pulvérisation, tandis que les produits systémiques foliaires (plus sensibles aux conditions météorologiques) et les produits racinaires (plus sensibles à l’humidité du sol) le sont beaucoup moins.

Ainsi, les produits foliaires de contact nécessitent, le plus souvent, une pulvérisation fine à moyenne pour ne pas perdre en efficacité. Leur pulvérisation est de ce fait plus sensible à la dérive de pulvérisation, impactant la santé et l’environnement. Il est important de prendre cela en compte lors de la pulvérisation.

A l’inverse, les produits systémiques foliaires et les produits racinaires peuvent être pulvérisés par gouttes moyennes à grosses, moins sensibles à la dérive de pulvérisation.

Pour toute question relative aux types de buses, calibres de buses et pression de travail vous permettant d’adapter la taille des gouttes de pulvérisation, contactez l’asbl Protect’eau.

2. Adapter son matériel de pulvérisation selon le volume d’eau à l’hectare choisi

Sans doute choisissez-vous votre volume à l’hectare en fonction de vos habitudes, de votre expérience et du rendement chantier souhaité. Il est ainsi important de noter que selon le volume hectare choisi, d’autres facteurs exerceront une influence sur l’efficacité du traitement et sur la dérive de pulvérisation, impactant l’exposition de l’environnement et de l’humain à ce traitement. Il s’agit notamment des techniques de pulvérisation.

Pour travailler en bas volume par exemple (moins de 100l/ha), il est nécessaire d’augmenter sa vitesse d’avancement, ou de réduire le débit de bouillie à la rampe, que ce soit par une diminution du calibre de la buse, ou de la pression de travail. Mais attention, une vitesse d’avancement trop élevée engendrera une trop grande dérive de pulvérisation, tandis qu’un calibre de buse trop petit augmentera le risque de bouchage de celle-ci. Il est également à noter que la réduction du V/ha a un impact sur la qualité de dépôt. En moyenne, alors que l’on obtient un taux de recouvrement de 40 % à 200 l/ha, une diminution de ce volume à 100 l/ha amène un taux de recouvrement de 20 %.

A l’inverse, lorsque l’on travaille avec des buses à injection d’air, permettant de réduire la dérive, il est important de savoir qu’une augmentation de volume de bouillie à l’hectare peut s’avérer nécessaire afin de garantir une bonne efficacité.

Aussi, de manière générale, certaines conditions météorologiques sont favorables à une haute efficacité lors d’un traitement phytopharmaceutique, tout en réduisant au maximum les pertes dans l’environnement. Ceci est d’autant plus vrai lorsque l’on travaille à bas volume, et/ou avec un produit systémique foliaire. Pour être efficace, ce type de produit doit passer à travers la cuticule de la plante (barrière protectrice de la plante, constituée de cire), se relâchant lorsque l’hygrométrie est élevée. Une faible rosée hydrate également la cuticule, rendant ainsi le maillage plus perméable.

Une fois encore, il est ici question d’équilibre entre rendement chantier, efficacité et protection de l’environnement et de la santé, à réfléchir au cas par cas.

3. Exigences légales en matière de réduction de la dérive

Depuis 2019, tous les utilisateurs professionnels sont dans l’obligation d’utiliser du matériel qui réduit la dérive à 50% au minimum. Pour certains produits, l’obligation est augmentée à 75% ou 90%, information renseignée sur l’étiquette du produit. Retrouvez la classification des buses et leur pourcentage de réduction de la dérive dans le Guide pratique du SPF.

En pratique, vous pouvez retenir que :

  • Si vous travaillez avec un produit de contact foliaire, le travail à bas volume n’est pas recommandé, la qualité de dépôt étant primordiale. Le matériel de pulvérisation et son réglage devront être choisis pour assurer une pulvérisation fine à moyenne, tout en respectant les obligations de réduction de la dérive.
  • Si vous travaillez avec un produit systémique foliaire, vous pouvez facilement travailler à bas volume, et avec n’importe quel type de buse, sans risquer une baisse d’efficacité. Privilégiez donc une pulvérisation moyenne à grosse afin de limiter l’impact sur l’environnement et la santé. En revanche, ces produits ont besoin de conditions « poussantes » pour être efficaces : température comprise entre 8 et 20°C et hygrométrie la plus forte possible (supérieure à 70 %).
  • Si vous travaillez avec un produit racinaire, l’important est d’avoir une haute humidité du sol, lui permettant d’être transporté jusqu’aux racines des végétaux. Le volume de bouillie à l’hectare et le type de buse n’ont, eux, pas d’impact. Privilégiez donc une pulvérisation avec de grosses gouttes afin de limiter l’impact sur l’environnement et la santé.

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