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Le CRP fête ses 30 ans !

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Le Comité régional PHYTO a soufflé en juin 2022 sa trentième bougie.  Et 30 ans, ça se fête ! L’occasion pour nous de vous retracer brièvement son histoire, les projets qu’il a fait naître et de vous annoncer son changement de look et d’appellation au sein de l’asbl CORDER.

Naissance

Le Comité régional PHYTO est né en 1992, trente ans après l’instauration de la Politique Agricole Commune (PAC) en Europe. Si cette politique est synonyme d’une certaine prospérité en termes de productivité, elle entraîne aussi une mutation profonde dans le monde agricole.

À l’époque, les recherches de l’Unité de Phytopathologie de l’Université Catholique de Louvain (UCL) ont démontré que l’on pouvait protéger les cultures en utilisant mieux les produits phytopharmaceutiques dans une optique plus rentable et plus respectueuse de l’environnement grâce à la lutte intégrée contre les ennemis des cultures.

À l’initiative du Professeur Henri Maraite, le Comité régional PHYTO a donc vu le jour en juin 1992 grâce au financement octroyé par le Ministre wallon de l’agriculture de l’époque, Guy Lutgen ; au souhait de réunir sous forme d’une plateforme de concertation différents acteurs impliqués dans le milieu agricole wallon, en particulier dans le domaine des produits phytopharmaceutiques ;  tout en ancrant le projet dans une démarche scientifique et dans une perspective de protection de l’environnement et des ressources naturelles.

Etudes et recherches scientifiques

Le Professeur Henri Maraite gérait l’animation de réunions plénières en veillant à maintenir un climat constructif entre les divers participants, tout en axant le débat sur des faits scientifiquement établis.

En 2002, le Comité s’est notamment associé avec le CERVA (Centre d’Etudes et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques, actuellement Siensano) et l’Université de Gand dans le cadre d’un projet de recherche « Développement d’outils de sensibilisation pour une utilisation durable des pesticides », afin d’analyser de manière scientifique les connaissances, l’attitude et les pratiques phytosanitaires des agriculteurs en grandes cultures. Les résultats de cette étude ont été indispensables plus tard lors de la transposition en Région wallonne du premier programme fédéral de réduction des pesticides à usage agricole, ou encore pour la généralisation de l’installation du local phyto et de Phytobacs® dans les fermes.

À cette époque, le contexte législatif a été fortement réformé et impacté, avec l’adoption de la Directive européenne 91/414/CEE. Ce texte a modifié l’utilisation des produits phytopharmaceutiques (PPP) en Belgique, notamment par le retrait en 2003 d’un grand nombre de produits phytopharmaceutiques d’ancienne génération ayant un impact néfaste sur la santé humaine et l’environnement. Les nouvelles exigences nécessaires pour faire agréer les produits et les coûts élevés pour y parvenir, ont conduit à un manque de produits agréés pour la protection des cultures représentant peu de surfaces agricoles utiles. C’est pour cette raison qu’en 2005, le Comité régional PHYTO s’est lancé dans l’« Etude, introduction des demandes d'extension et/ou d'extrapolation d'usage pour les produits phytosanitaires en petites cultures et suivi des dossiers d'extension d'agréation pour la Wallonie », projet encore actuellement mené au sein du Comité.

Depuis 2008, le Comité régional PHYTO s’est vu confier la mission de mettre à jour les indicateurs de l’Etat de l’environnement wallon relatifs à l’utilisation des PPP et donc d’estimer de manière quantitative les utilisations de PPP par les différents secteurs d’activité en Wallonie, ce qui a mené, en 2019, à la naissance de la « Cellule EQPP » dans l'asbl.

Bonnes pratiques et utilisation raisonnée des PPP

Depuis de nombreuses années, le Comité s’investit fortement dans la sensibilisation aux bonnes pratiques phytosanitaires et au respect de la législation relative à l’usage de PPP.

À travers l’histoire du Comité, divers groupes de travail ont été mis en place pour rédiger des guides explicatifs à l’intention des secteurs professionnels agricoles et horticoles, comme les « Codes de bonne pratique phytosanitaire » (2004) : « Partie Générale : En culture de maïs » ; « En culture de pomme de terre » ; « En cultures fruitières » ; « En cultures maraîchères » ; « En productions non comestibles » ; et « En culture de betterave sucrière ». En 2006, le Guide de bonnes pratiques de désherbage « Espaces verts et voiries » sur l’utilisation des pesticides vit le jour, dans un cadre non agricole cette fois.

En 2009, avec l’adoption du « Paquet pesticides » qui a complètement refondu la législation européenne et belge, il fut davantage nécessaire de réaliser des guides reprenant ces législations spécifiques : « Législations relatives à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques en agriculture – Ce que le producteur doit savoir » (2010, 2011) et « Législations relatives à l’utilisation professionnelle de produits phytopharmaceutiques dans les parcs, jardins, espaces publics et accessibles au public – Ce que l’utilisateur doit savoir » (2010), guides encore mis à jour actuellement. À partir de cette époque, et notamment plus tard dans le cadre du premier Programme Wallon de Réduction des Pesticides (PWRP), un guide sur les bonnes pratiques au jardin, à destination des utilisateurs non professionnels cette fois, a été édité et réédité à plusieurs reprises. En 2015, un « Guide pour la mise aux normes des locaux de stockage des produits phytopharmaceutiques à usage professionnel » a aussi été initié et rédigé en collaboration avec PROTECT’eau (initialement Phyt’eau Wal) et PreventAgri-Mission Wallonne des Secteurs Verts.

Avec l’apparition d’internet, fin des années 90-début des années 2000, le Comité a connu un tournant dans les moyens de communication et d’information. Le site internet du Comité a été complètement revu en 2020 pour devenir le site de toute l'asbl CORDER. Et c’est à partir de 2017 que le Comité a commencé à communiquer sur les réseaux sociaux, dont Facebook.

Actions menées dans le cadre des plans de réduction des pesticides

La mise en œuvre de la Directive européenne 2009/128/CE a induit la mise en place d’une série de mesures comme celles relatives au système de certificat (phytolicence) chez les professionnels et à la réduction de l’utilisation des pesticides dans les lieux publics. Ces mesures ont notamment été reprises dans les programmes fédéraux et régionaux de réduction des pesticides dans lesquels le Comité a mené et mène encore activement de nombreuses actions.

Depuis 2013, avec la publication de l’Arrêté du Gouvernement wallon relatif à une application des pesticides compatible avec le développement durable, imposant une période transitoire avant une interdiction totale d’utilisation de PPP dans les espaces publics, le Comité est impliqué, avec le SPW-ARNE-DEE-CIAE et le Pôle de Gestion Différenciée (actuellement dénommé Adalia 2.0), dans l'accompagnement des gestionnaires ferroviaires dans le désherbage non chimique.

De la Directive européenne et des plans de réduction, entre en vigueur en 2015 la phytolicence en Belgique. Le Comité en a mené la coordination et a accompagné les futurs détenteurs d’une telle licence ainsi que les centres de formation en Wallonie dans les démarches administratives. Ces missions ont été reléguées en 2019 à la « Cellule Phytolicence » de l'asbl CORDER. Comme il le fait depuis plusieurs années aussi, le CRP continue de dispenser des formations phytolicence aux détenteurs et futurs détenteurs wallons.

Le CRP aujourd’hui et demain

En 2011, le Comité a été intégré à l’asbl CORDER (Coordination Recherche et Développement Rural).

Trente années après sa création, il paraissait adéquat d’adapter le Comité aux divers changements (sociétaux, législatifs…) l’ayant influencé. Désormais appelé « CRP », de son acronyme, son logo a également changé afin de refléter son appartenance en tant que cellule de l’asbl CORDER, au même titre que les cellules « EQPP », « Phytolicence » et « Clinique des Plantes ».

Malgré ces changements, les missions du CRP se poursuivent tout en les ajustant aux besoins et contraintes des utilisateurs wallons de PPP d’aujourd’hui et de demain, peu importe leur secteur d’activité. Le CRP garde comme mission principale d’être un organe totalement objectif et indépendant d’information, de concertation et de relai sur la législation et les bonnes pratiques phytosanitaires en Wallonie, afin de protéger l’environnement, la santé humaine et animale par un usage responsable et raisonné des PPP.

Vu la préoccupation croissante de la société vis-à-vis de leur utilisation, vu les multiples enjeux liés à leur réduction dans les secteurs professionnels et vu les changements législatifs en cours de préparation à différents niveaux, le CRP devra encore relever de nombreux défis pour continuer à accompagner et à informer à la fois les acteurs de terrain et les Autorités dans les années à venir, grâce notamment aux nombreuses interactions qu’il entretient avec tous ses partenaires.

Le CRP tient à les remercier tous chaleureusement et espère poursuivre encore de nombreuses années de fructueuses collaborations !

Equipe de l’asbl CORDER en décembre 2022.
De gauche à droite et de haut en bas : Stéphane Dethine (Clinique des Plantes), Samuel Carrola (Cellule EQPP), Anne Legrève (vice-présidente), Marie Lacroix (CRP), François Marchandise (Clinique des Plantes), Loïc Monseur (Cellule EQPP), Eugénie Coninck (CRP), Nicolas Bourgois (Cellule Phytolicence), Pascale Berger (gestion journalière), Laurence Janssens (coordinatrice), Gabriel Carestia (CRP-Cellule EQPP), Soukaïna El Massoudi (Cellule Phytolicence), Sarah Lohisse (Cellule Phytolicence), Alice Houdmont (Cellule EQPP), Juliette Laloux (CRP), Thomas Boumal (CRP), Claude Bragard (président).