Utilisation des produits et bonnes pratiques
Cette rubrique concerne les particuliers qui utilisent des produits phytopharmaceutiques (PPP) dans leur jardin et/ou dans leurs espaces verts privés.
Table des matières
Se poser les bonnes questions
Est-il vraiment nécessaire de traiter ?
Dans les espaces naturels, il existe de nombreux mécanismes assurant l’équilibre entre les plantes et les organismes nuisibles (pucerons, limaces, maladies...). Cependant, dans nos espaces verts, les conditions peuvent être davantage propices au développement de ces organismes nuisibles et des plantes indésirées, qui peuvent alors prendre l’ascendant et se développer dans votre jardin ou potager. Dans ce cas, avant d’avoir recours à un produit phytopharmaceutique, il est opportun de se poser quelques questions.
Plus d'informations à ce sujet sont disponibles ici.
Où n’est-il pas autorisé de traiter ?
- La pulvérisation est déconseillée ou interdite sur certains endroits sensibles, même par un jardinier amateur, car elle peut entrainer une contamination des eaux de surface ou souterraines. Plus d'informations à ce sujet sont disponibles ici.
- Il est également essentiel de tenir compte des publics vulnérables : à proximité des établissements accueillant des publics vulnérables (écoles, crèches...), des mesures imposent également des restrictions de pulvérisation. Plus d'informations sont disponibles ici.
Les condition météorologiques sont-elles propices ?
Tenir compte des conditions météorologiques permet de favoriser une efficacité optimale du produit, d’éviter l’apparition de dégâts sur la plante ou les plantes avoisinantes et d’éviter la dispersion et le lessivage du produit phyto dans l’environnement. C’est pourquoi il est important d’y prêter attention avant de décider de traiter.
Le vent |
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Supérieur à 15 km/h (petites branches en mouvement et soulèvement de la poussière) |
Reportez la pulvérisation. Il est interdit de pulvériser lorsque la vitesse du vent est supérieure à 20 km/h. |
Entre 10 et 15km/h (feuilles et/ou petites branches en mouvement) |
Evitez les herbicides et utilisez des buses anti-dérives ou une cloche de pulvérisation |
L'hygrométrie |
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Supérieure à 60% (le matin et le soir en période chaude) |
OK |
Fine pluie ou rosée au sol |
Uniquement les produits radiculaires (l'étiquette mentionnera les conditions d'humidité requises) |
La pluie |
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Pluie en cours ou annoncée |
Reportez la pulvérisation |
La température |
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Entre 5°C et 25°C |
OK |
Avant la pulvérisation
Ces mesures légales et ces quelques précautions essentielles permettront de préserver l’environnement ainsi que votre santé et celle de votre voisinage, tout en garantissant l’efficacité du produit que vous avez décidé d’utiliser.
Utiliser le bon produit qui convient le mieux
Le premier réflexe à adopter avant de traiter est de se renseigner, en jardinerie par exemple, sur les produits qui existent en fonction de votre problème, et de choisir celui qui convient le mieux, en privilégiant les substances de base, produits phytos à faible risque et biopesticides. Plus d'informations sont disponibles ici concernant le choix du produit.
Ensuite, il vous faudra consulter les conditions d’utilisation du produit (culture, dose, maladie, intervalle entre deux traitements éventuels…), qu’il sera fondamental de respecter lors du traitement. Les conditions d’utilisation de chaque produit sont consultables en ligne sur le site Phytoweb.be ou sur l’étiquette du produit (voir section ci-dessous).
Si vous utilisez un produit que vous avez déjà chez vous, pensez à vérifier que celui-ci est toujours autorisé en vous rendant sur Phytoweb.be. Si le produit en votre possession n'est plus autorisé ou périmé, il est nécessaire de vous en débarrasser en vous rendant au recyparc le plus proche de chez vous.
Lire l’étiquette
Tout emballage contenant un PPP doit comporter une étiquette, rédigée en français et en néerlandais, reprenant un certain nombre de mentions et d’indications obligatoires relatives au produit. Sa lecture est primordiale avant toute manipulation du produit.
Elle définit les conditions d’utilisation (culture, dose, maladie, intervalle entre deux traitements éventuels…) afin de limiter les risques pour l’environnement et la santé humaine. L’étiquette fournit également de nombreuses autres informations utiles à l’applicateur, telles que l’identification du produit et ses caractéristiques techniques.
Le respect des doses inscrites sur l’étiquette et la mise en place des bonnes pratiques au jardin sont indispensables pour une utilisation des produits en toute sécurité.
Il est interdit de modifier l’emballage ou l’étiquette d’origine ou de reconditionner les produits. Le produit doit impérativement rester dans son emballage d’origine. L’étiquette doit toujours rester lisible et attachée à l’emballage. Si l’étiquette du produit est endommagée, le produit devient inutilisable et doit être trié. Plus d’informations ici.
Voici notamment les différentes informations que vous trouverez sur l’étiquette du produit :
- L’appellation commerciale du produit ;
- Le numéro d’autorisation : xxxxxG/B (produit à usage non professionnel/amateur) ;
- La formulation (exemples : AL : liquide destiné à être utilisé sans dilution, AE : générateur aérosol, SC : Suspension concentrée...) ;
- La ou les substance(s) active(s) (ex : acide pélargonique, phosphate de fer…) ;
- Les usages et les doses autorisés (ex : contre des « mauvaises herbes » au pied d’une plante ornementale) ;
- Les indications particulières imposées lors de l’utilisation du produit. Elles concernent des précautions à prendre lors de l’application à proximité d’un plan d’eau, des recommandations pour la préparation de la solution de pulvérisation et certaines restrictions d’emploi (ex : respecter une distance de 10 m par rapport aux étendues d’eau) ;
- Les conseils de prudence pour la santé humaine (ex : ne pas manger et ne pas boire pendant l’utilisation...) ;
- Les phrases de prudence de type "SPe" relatives à l'environnement (ex : SPe8 : relatives à la protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs) ;
- Les conseils de nettoyage du pulvérisateur ;
- La gestion des surplus de traitement et des emballages vides ;
- Les pictogrammes et phrases de risques (ex : très toxique pour les organismes aquatiques, peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique).
Depuis 2015, toutes les substances ainsi que les mélanges chimiques doivent respecter les dispositions et critères de classification, d’étiquetage et d’emballage basés sur le système général harmonisé (SGH) international des Nations Unies. Ce système classifie le danger à l’aide de pictogrammes qui ont été actualisés ainsi que de mentions d’avertissement et de danger :
Se protéger
Lors de l’application d’un PPP, il est nécessaire de prendre un maximum de précautions pour éviter d’être exposé à celui-ci.
L’exposition aux PPP peut se faire par différentes voies :
- Les voies cutanées (la peau) ou muqueuses (les yeux, le nez…) lorsque le produit entre en contact avec celles-ci, par exemple si l’utilisateur ne porte pas de gants, pulvérise en short, ne se lave pas la peau après la pulvérisation.
- La voie digestive (par la bouche) si l’utilisateur mange ou fume en pulvérisant, ou ne se lave pas les mains avant de manger, ou encore si les produits sont mis dans des flacons alimentaires et sont consommés par accident.
- Les voies respiratoires quand l’utilisateur respire les gouttelettes ou les poussières de produit ou de solution pendant l’application et durant la phase de préparation de la bouillie.
Il est donc primordial, pour protéger votre santé, de porter les équipements de protection adéquats pendant toute la manipulation des produits : la préparation, la dilution, la pulvérisation et le nettoyage du matériel.
Quelques recommandations pour une manipulation en toute sécurité :
- Éviter les éclaboussures ;
- Ne pas fumer, boire ou manger pendant toute manipulation de produits ;
- Les gants doivent couvrir également la base des poignets et les avant-bras, évitez les gants en cuir, latex ou PVC, seuls les gants en nitriles ou néoprène (vendus en jardinerie) assurent une protection efficace ;
- Ne pulvérisez pas en short afin de ne pas exposer les jambes à la brume de pulvérisation ;
- Respectez toujours les indications reprises sur l’étiquette ;
- Privilégiez les produits prêts à l’emploi qui limitent l’exposition au produit concentré.
Selon le type de formulation, en l'absence de moyens de protection adéquats, 80 à 95 % de l'exposition totale peut se faire via les mains durant la phase de préparation de la bouillie. Le port de gants adapté permet de réduire de 90% le risque d’exposition.
Etalonner le pulvérisateur et calculer la dose à appliquer
Dans nos jardins, l’application de PPP (herbicides, insecticides…) se fait souvent à l’aide d’un pulvérisateur manuel ou à dos, permettant une application localisée. Néanmoins, Ce type d’appareil ne permet pas d’appliquer de façon précise la bonne dose de produit, et il est donc nécessaire d’étalonner son pulvérisateur afin de limiter les erreurs de dosage dues au matériel et/ou à celui qui applique le produit.
Il est important de limiter les surdosages car la dose autorisée assure une efficacité optimale et un risque acceptable pour la santé et l’environnement. Un surdosage entraîne un risque de contamination pour l’environnement mais également un risque de toxicité pour les plantes traitées et les organismes non visés sans pour autant augmenter l’efficacité du traitement.
L’étalonnage du pulvérisateur permet de connaitre le volume d’eau épandu sur une surface donnée et donc, de diluer la quantité de produit autorisée dans un volume d’eau adéquat à la zone que l’on veut traiter (dans le cas où la dose reprise sur l’étiquette du produit est donnée en quantité de produit/surface par exemple). En effet, pour une surface donnée, la quantité de solution épandue variera d’un applicateur à l’autre selon, notamment, la vitesse de marche.
L’exemple suivant permettra à tout un chacun d’étalonner son pulvérisateur :
- Verser 1L d’eau claire dans le pulvérisateur ;
- Pulvériser le litre d’eau en ligne droite à votre cadence habituelle de traitement (aller-retour tel que montré sur la figure) ;
- Mesurer la surface couverte avec 1 L d’eau claire :
Longueur X largeur = 10 m X 2 m = 20 m²
4. Calculer le volume d’eau appliqué pour un are :
Volume étalonné (L pour 1 m2) =
Respectez bien les doses autorisées. Un surdosage entraîne un risque de contamination pour l'environnement mais également un risque de toxicité pour les plantes traitées sans pour autant augmenter l’efficacité du traitement.
Après la pulvérisation
Nettoyer le pulvérisateur
Le nettoyage et le rinçage du matériel de pulvérisation ne sont pas à négliger (risques d’obstruction de la buse et des tuyaux, de mélange de différentes solutions de pulvérisation…). Afin d’éviter tout risque de contamination et de vous protéger lors de cette manipulation, il est conseillé de :
- Porter votre équipement de protection individuelle (gant, salopette, bottes...) pendant le nettoyage du matériel ;
- Rincer correctement 3 fois votre pulvérisateur après chaque utilisation. Les restes de produits dans le pulvérisateur peuvent être nocifs pour les plantes qui seront traitées ultérieurement et/ou peuvent boucher les filtres et les jets ;
- Epandre vos eaux de rinçage sur une surface enherbée ou sur toute surface organique (terre, friche...) ;
- Diluer environ 10 fois le possible fond de cuve dans le pulvérisateur et l’appliquer sur la surface traitée ;
- Nettoyer l’extérieur de votre matériel sur lequel il peut rester des résidus de produit.
Les eaux de rinçage ne peuvent en aucun cas être versées à l’égout. Le risque de contamination des eaux de surface est bien trop important.
Prendre une douche et attendre avant de réaccéder à la zone traitée
- Se laver les mains et le visage à l'eau claire et au savon après l'application de la bouillie afin d’enlever tout résidu éventuel de produit ;
- Changer de vêtements et prendre une douche afin d’enlever tout résidu éventuel de produit ;
- Attendre 24 à 48h (selon le produit et les prescriptions de l’étiquette) avant de fréquenter à nouveau la surface traitée.
Pour certains PPP, un délai spécifique de rentrée est mentionné dans l’acte d’autorisation et sur l’étiquette du produit. Il est obligatoire de le respecter.
Si cette information n’apparait pas sur l’acte ou sur l’étiquette, il est conseillé de respecter les délais suivants :
Ranger les produits en sécurité
Un stockage adéquat des produits phytos permet de limiter les risques d’intoxication pour votre entourage (enfants, animaux…), favorise leur bonne conservation et vous aide à facilement identifier les produits périmés non utilisables.
Dès lors, il est obligatoire de :
- S’assurer que l’armoire ou le local où vous conservez vos produits phytos est un endroit sec, efficacement ventilé et maintenu en bon état d’entretien et de propreté ;
- Installer/aménager le lieu de stockage afin que les produits soient bien conservés, c’est-à-dire à l’abri du gel et des fortes chaleurs pour ne pas altérer les propriétés physico-chimiques et l’efficacité des produits ;
- Conserver les produits dans leur emballage d’origine et s’assurer que l’étiquette est toujours présente et lisible. Tout reconditionnement est interdit et il est très important que l’étiquette du produit soit toujours présente. En effet, les emballages sont adaptés à leur contenu et en cas d’incident (ingestion accidentelle par exemple), il est indispensable de connaitre la nature du produit mis en cause et les mentions reprises sur son étiquette (mentions de danger, conseils de prudence…) afin que le médecin puisse agir au plus vite et de façon appropriée. Verser votre reste de produit dans un ancien contenant alimentaire, par exemple, entrainerait de grands risques pour votre entourage !
Si le produit n’est pas conforme (altéré par de mauvaises conditions de stockage, reconditionné, étiquette illisible…), il n’est plus utilisable et doit être amené au recyparc.
Quelques recommandations supplémentaires pratiques :
- Maintenez-les dans une armoire sécurisée hors de portée des enfants et des personnes non informées (sous clé, cadenas...).
- Faites régulièrement l’inventaire de votre armoire phyto et identifiez les produits à évacuer au recyparc : les produits périmés, altérés, dont l’utilisation n’est plus valable ou dont l’emballage n’est plus d’origine. Plus d’informations dans la section ci-dessous.
Téléchargez ici une liste à compléter pour lister les produits en votre possession et ainsi avoir une meilleure idée de ce que contient votre armoire.
Pour connaitre les produits qui ne sont plus autorisés, consultez la liste ici.
- Ne conservez pas les emballages vides de vos produits. Ramenez-les au recyparc selon les bonnes pratiques présentées dans la section ci-dessous.
Éliminer les déchets et produits non utilisables
Ces produits peuvent constituer un danger pour la santé ou pour l’environnement. Il ne faut donc jamais les mettre à la poubelle, ni dans les sacs PMC, ni dans les égouts, ni dans les WC, ni avec les papiers/cartons.
Les produits ou les emballages sont à éliminer si :
- ils sont vides ;
- la date de péremption est dépassée ;
- le produit est altéré (gel, formation de résidus solides dans un produit liquide...) ;
- l’emballage est déchiré ou abîmé ;
- l’étiquette est illisible ou absente ;
- le produit a été reconditionné (l'emballage n'est pas celui d'origine) ;
- l’autorisation n’est plus valable. La liste des produits qui ne sont plus autorisés est disponible ici.
... ou si vous avez décidé de recourir à des moyens de lutte autres que chimiques. Ces produits doivent être rassemblés dans un récipient étanche arrimé ou sanglé au véhicule de transport, et portés dans un recyparc.
Base légale
Directive 2009/128/CE : Utilisation des PPP compatible avec le développement durable (pulvérisateur, manipulation, protection du public et groupes vulnérables, protection de l’eau…)
AR du 19/03/2013 : Utilisation des PPP compatible avec le développement durable (manipulation, zones tampons…)
AGW du 11/07/2013 : Application des PPP compatible avec le développement durable (manipulation, limitation dérive, matériel de pulvérisation, protection du public et groupes vulnérables, zones tampons…)
Règlement (UE) N° 547/2011 : Étiquetage des PPP
AR du 28/02/1994 : Mise sur le marché et utilisation des PPP (étiquetage …)