Parmi les 12 000 espèces exotiques ayant été observées en Europe, 10 à 15% d'entre elles sont considérées comme envahissantes [1]. Ces espèces, aussi appelées « invasives », ont été introduites volontairement ou fortuitement, et se sont propagées ou sont susceptibles de survivre et de se reproduire en dehors de leur aire de répartition naturelle. Là où elle se sont implantées, ces espèces représentent une menace ou ont des effets néfastes importants pour la biodiversité et les services écosystémiques (déclin des espèces indigènes…), la santé humaine (brûlures, allergies…) ou l’économie (baisse de rendements, restauration d’habitats nécessaire…). Il peut s’agir de plantes, de mammifères, d’oiseaux, d’insectes ou d’autres invertébrés. Les cas les plus connus sont ceux de la coccinelle asiatique Harmonia axyridis, la bernache du Canada Branta canadensis, la renouée du Japon Fallopia japonica ou encore, plus récemment, le ver plat venu de Nouvelle-Zélande Arthurdendyus triangulates.
Quelles espèces exotiques sont considérées comme envahissantes ?
Depuis 2013, 55 plantes sont considérées comme invasives en Wallonie car elles impactent fortement la biodiversité locale et les écosystèmes (voir la liste ci-contre [2]).
Plantes invasives interdites d’introduction * | |||
Nom commun | Nom scientifique | Nom vernaculaire | Nom scientifique |
Faux-vernis du Japon | Ailanthus altissima | Erable negundo | Acer negundo |
Aster lancéolé | Aster lanceolatus | Erable jaspé de gris | Acer rufinerve |
Aster à feuilles de saule | Aster x salignus | Amélanchier d'Amérique | Amelanchier lamarckii |
Baccharide | Baccharis halimifolia | Aster de Virginie | Aster novi-belgii |
Bident à fruits noirs | Bidens frondosa | Azolla | Azolla filiculoides |
Crassule des étangs | Crassula helmsii | Arbre aux papillons | Buddleja davidii |
Souchet vigoureux | Cyperus eragrostis | Cornouiller soyeux | Cornus sericea |
Fraisier des Indes | Duchesnea indica | Cotonéaster horizontal | Cotoneaster horizontalis |
Egéria | Egeria densa | Olivier de Bohème | Elaeagnus angustifolia |
Renouée du Japon | Fallopia japonica | Élodée du Canada | Elodea canadensis |
Renouée de Sakhaline | Fallopia sachalinensis | Élodée de Nuttall | Elodea nuttallii |
Renouée de Bohème | Fallopia x bohemica | Frêne rouge | Fraxinus pennsylanica |
Berce du Caucase | Heracleum mantegazzianum | Topinambour | Helianthus tuberosus |
Jacinthe d'Espagne | Hyacinthoides hispanica | Lentille d'eau minuscule | Lemna minuta |
Hydrocotyle fausse-renoncule | Hydrocotyle ranunculoides | Lupin vivace | Lupinus polyphyllus |
Balsamine de l'Himalaya | Impatiens glandulifera | Faux-arum | Lysichiton americanus |
Balsamine à petites fleurs | Impatiens parviflora | Mahonia faux-houx | Mahonia aquifolium |
Élodée à feuilles alternes | Lagarosiphon major | Vigne vierge commune | Parthenocissus inserta |
Jussie à grandes fleurs | Ludwigia grandiflora | Vigne vierge à cinq folioles | Parthenocissus quinquefolia |
Jussie rampante | Ludwigia peploides | Laurier cerise | Prunus laurocerasus |
Mimule tacheté | Mimulus guttatus | Rhododendron | Rhododendron ponticum |
Myriophylle du Brésil | Myriophyllum aquaticum | Sumac de Virginie | Rhus typhina |
Myriophylle hétérophylle | Myriophyllum heterophyllum | Rosier rugueux | Rosa rugosa |
Renouée à nombreux épis | Persicaria wallichii | Rudbéckie laciniée | Rudbeckia laciniata |
Cerisier tardif | Prunus serotina | Spirée blanche | Spiraea alba |
Séneçon sud-africain | Senecio inaequidens | Spirée de Douglas | Spiraea douglasii |
Solidage du Canada | Solidago canadensis | Spirée de Billard | Spiraea x billardii |
Solidage glabre | Solidago gigantea | - | - |
*Les deux colonnes de gauche sont les plantes interdites d'introduction partout en Wallonie. Les deux colonnes de droite sont des plantes interdites à proximité des cours d'eau, dans et à proximité des sites d'intérêt biologique. Sont également interdits les synonymes, cultivars et variétés qui dérivent directement de ces espèces
Les plantes mentionnées dans les deux colonnes de gauche du tableau ci-contre sont les plantes qui sont interdites d’introduction partout en Wallonie. Il existe aussi d’autres plantes (uniquement dans les deux colonnes de droite du tableau), comme l’arbre à papillon Buddleja davidii, le laurier cerise Prunus laurocerasus, le rhododendron Rhododendron ponticum ou le cornouiller soyeux Cornus sericea, qui ne peuvent pas être implantées à moins de 50 mètres des cours d’eau. Ces plantes ne peuvent pas non plus être introduites dans et à moins de 50 mètres des sites de conservation de la nature et de grand intérêt biologique comme les zones Natura 2000 et les réserves naturelles.
Depuis 2016, l’Union européenne a également établi une liste d’espèces végétales et animales représentant une menace importante pour sa biodiversité et ses écosystèmes [3]. Sur base d’évaluations, la Belgique a, elle aussi, rassemblé les espèces problématiques et spécifiques à son territoire. Actuellement, 101 espèces sont répertoriées sur cette liste nationale [4]. Les 44 espèces les plus nuisibles sont inscrites sur une « liste noire » dont la plupart des plantes mentionnées dans le tableau ci-contre font partie.
Cadre légal
En Wallonie, des mesures existent déjà depuis plus de 7 ans afin d’interdire l’implantation des plantes exotiques envahissantes, et de promouvoir des bonnes pratiques de gestion et de lutte de ces espèces [2].
En 2015, afin de mener une action concertée et efficace au sein des États membres, l’Union européenne a également établi des mesures de prévention et de gestion de l’introduction et de la propagation de ces espèces en interdisant notamment leur importation, leur transport, leur commercialisation, leur utilisation, leur culture et leur introduction dans l’environnement [5]. En 2019, un accord de coopération a été adopté par l’État belge et les régions afin d’harmoniser la mise en application de cette règlementation européenne au niveau national et régional [6]. Le décret du 2 mai 2019 instaure les mesures à appliquer spécifiquement en Région wallonne, qui entreront prochainement pleinement en vigueur [7]. Les espèces visées concernent maintenant également des espèces animales comme le frelon asiatique Vespa velutina nigrithorax ou le moustique japonais Aedes japonicus.
Quand la plante invasive est installée, comment lutter contre ?
Les plantes invasives sont souvent difficiles à détruire et à éradiquer à cause de leur grande capacité de multiplication végétative (stolons, drageons, rejets suite à la fauche, régénérations à partir de fragments de tiges ou de rhizomes) ou de production de semences qui perdurent parfois longtemps dans les sols.
Avant toute action contre ces espèces, veillez à d’abord évaluer si la lutte à entreprendre est nécessaire, et si oui, dans quelles circonstances, car un plan de lutte efficace doit être mené rigoureusement et peut prendre jusqu’à plusieurs années. Des campagnes de lutte ont parfois lieu à grande échelle.
Là où l’arrachage et le fauchage seront recommandés pour lutter contre la balsamine de l’Himalaya, ces méthodes seront proscrites pour lutter contre les renouées asiatiques du genre Fallopia spp. Dans certains cas, il sera recommandé d’utiliser des herbicides, en complément à d’autres méthodes de lutte, pour gérer les populations de berces du Caucase par exemple. La gestion et la lutte contre les plantes invasives sont donc spécifiques à chaque espèce et doivent être validées préalablement par la Cellule interdépartementale Espèces invasives CiEi de la DGO3 du Service Public de Wallonie.
De manière générale, afin d’éviter la contamination d’autres parcelles, les déchets verts de la gestion de ces espèces sont soit exportés pour incinération, soit laissés sur site (avant fructification et hors zone inondable). Le compostage des résidus n’est pas recommandé. Si possible, les terres contaminées par des graines, tiges, rhizomes ou tubercules ne doivent ni être déplacées ni être transportées.
À proximité des cours d’eau
En Wallonie, si vous avez eu recours aux autres techniques mécaniques de lutte, et que la lutte chimique est une méthode nécessaire et appropriée pour combattre la plante, vous pouvez avoir recours à des herbicides à proximité des eaux de surface (cours d’eau, rivières, étangs…) moyennant le respect strict de certaines conditions :
- Le produit approprié est sélectionné et appliqué en se basant sur les conditions d’utilisation reprises sur Phytoweb et sur l’étiquette du produit ;
- L’application de l’herbicide :
- Est limitée et vise uniquement l’une des espèces visées dans le tableau ci-contre,
- Est très localisée et se fait par injection, par badigeonnage de souche ou avec un petit pulvérisateur à dos ou à lance,
- A lieu à plus de 1 mètre du bord de l’eau dans la zone tampon minimale (c’est-à-dire jusqu’à 6 mètres du bord),
- Se fait selon les bonnes pratiques d’utilisation d’un produit phytopharmaceutique.
Plus d’infos concernant les mesures de gestion sur le portail wallon de la Biodiversité.
Des questions ? Qui contacter ?
- La Cellule interdépartementale Espèces invasives CiEi
- Le Contrat de Rivière qui vous concerne
- Votre commune
Sources
[1] http://biodiversite.wallonie.be/fr/invasions-biologiques.html?IDC=5669
[2] Circulaire du 30 mai 2013 relative aux plantes exotiques envahissantes. Sont également interdits les synonymes, cultivars et variétés qui dérivent directement de ces espèces.
[3] https://ec.europa.eu/environment/nature/invasivealien/list/index_en.htm
[4] http://ias.biodiversity.be/species/all
[5] Règlement (UE) No 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes
[6] Accord de coopération du 30 janvier 2019 entre l'État fédéral, les Communautés et les Régions relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes
[7] Décret du 2 mai 2019 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes